Ma Prusa MK3 (et de ses évolutions, MK3S et MK3S+) est fiable, la qualité d’impression est très bonne et comme je l’ai monté moi-même (j’ai acheté la version en kit), j’y suis plus attaché que si je l’avais simplement sortie du carton. Mais il existe maintenant une nouvelle version (MK4) avec de nombreuses améliorations (vitesse, qualité d’impression, changement de buse et première couche plus facile etc…).
Mise à jour MK3 vers MK4
Il existe plusieurs niveaux de mise à niveau (entre 279 et 639 €). A vous de décider celle qui vous convient (en sachant qu’une MK4 complète en kit coûte 889 €). Personnellement, j’ai choisi de conserver ma MK3S+ et de faire la mise à niveau la plus complète à partir d’une autre MK3. Je l’avais acheté d’occasion l’année dernière pour la bricoler (mais je n’ai jamais trouvé le temps de le faire).
Avant de commencer le démontage de l’imprimante (MK3/MK3S/MK3S+). N’oubliez pas d’imprimer les pièces nécessaires avec les bobines de filament noir et orange fournies dans le kit. Bien sûr, si vous souhaitez avoir une imprimante vraiment unique, rien ne vous empêche utiliser d’autres couleurs de Prusament PETG. Vous trouverez tous les fichiers nécessaires à l’adresse suivante : https://www.printables.com/fr/model/451501-mk4-printable-parts
Je ne suis pas spécialement fan de la couleur « Orange Prusa », alors j’ai tout imprimé en noir (Prusament PETG JetBlack). Il y a pas mal de pièces à imprimer, ça devrait donc vous occuper quelques jours…
Accédez ensuite à la documentation de Prusa qui indique les éléments à démonter : https://help.prusa3d.com/fr/guide/parts-preparation_473977 (pour l’instant elle n’est pas encore complètement traduite en français).
Et commencez tranquillement le démontage de l’imprimante (il n’y a pas de réelles difficultés). Vous devez seulement conserver le chassis (avec l’alimentation), le plateau chauffant (et son support), les 2 tiges de l’axe X (8×370 mm), les 2 tiges de l’axe Y (8×330 mm), 6 roulement à billes LM8UU et aussi le support de filament. Vous pouvez essayer de revendre les autres pièces (ou les garder pour un autre projet)
L’étape suivante est un peu plus délicate, il s’agit de changer la thermistance du plateau chauffant, de coller les autocollants et d’ajouter de nouvelles pièces. Si j’ai un conseil à vous donner, n’allez pas trop vite, on n’est pas là pour battre un record. Vous risqueriez de passer à coté d’informations importantes et de perdre encore plus de temps pour revenir en arrière.
Maintenant, nous pouvons rejoindre directement l’étape 18 de l’assemblage du cadre de la MK4 en kit et continuer le montage jusqu’à la fin…
Je n’ai pas chronométré le temps exact mais le montage complet m’a occupé pendant tout un week-end, plus 2 ou 3 soirées.
Découverte de cette nouvelle l’imprimante
C’est agréable de visualiser l’image de la pièce correspondant au fichier G-code. Mais au niveau de l’interface, il n’y a guère de différence puisque la navigation dans les menus se fait toujours avec la molette. Si l’écran est tactile cette fonction n’est pas encore activée.
L’écran couleur est bien sûr le bienvenu mais c’est un peu la partie visible de l’iceberg. La nouvelle carte mère 32 bit (cachée dans son boitier) apporte également de nombreuses d’évolutions (et ce n’est certainement pas fini, Prusa améliore sans cesse son firmware).
L’imprimante n’a plus besoin d’un Raspberry Pi pour se connecter au réseau local (Ethernet ou WiFi). Avec PrusaLink, vous pouvez envoyer directement le G-code (depuis Prusa Slicer ou en le faisant glisser le fichier depuis le bureau) à l’imprimante et suivre ensuite l’avancement de l’impression.
Malheureusement, PrusaLink offre beaucoup moins de possibilités qu’Octoprint. Bien sûr, il serait possible d’utiliser PrusaConnect (qui semble apporter quelques fonctions supplémentaires) mais je n’aime pas du tout ce principe. Pourquoi dois-je envoyer mes G-codes (et toutes mes données télémétriques) à un serveur distant simplement pour contrôler une imprimante située dans la même pièce que moi ?
La carte mère ne possède pas de lecteur de carte micro SD ou de mémoire de masse capable de stocker les fichiers G-codes. Il faut donc brancher une clé USB (formatée en FAT32) à droite de l’écran. Mais j’ai rencontré un problème avec la clé fournie par Prusa. Je n’ai pas réussi à l’insérer dans le lecteur parce qu’elle coinçait (je n’ai pas osé forcer pour ne pas abimer le lecteur). Je l’ai donc remplacé par une carte SanDisk (bien plus compacte et certainement de meilleur qualité).
La clé USB permet aussi de mettre à jour le firmware. La procédure est très simple, il suffit de télécharger le fichier sur le site de Prusa, de le décompresser et de le copier sur la clé USB. Branchez ensuite la clé USB à l’imprimante, allumez là (ou appuyez sur le bouton de réinitialisation) et bien sûr acceptez de flasher le firmware lorsqu’on vous le propose. Vous trouverez plus de détails sur le site de Prusa.
Le nivellement du plateau est complètement différent. La Prusa MK3 utilise un capteur inductif (sonde PINDA ou SuperPINDA) qui détecte le plateau métallique à distance (sans le toucher). Alors que la MK4 tapote le plateau directement avec la buse, pour l’utilisateur ce système est plus pratique. Il n’est plus nécessaire de calibrer la 1ère couche mais en tapotant, la buse laisse parfois des petits résidus de plastiques sur le plateau (attention si vous changez de couleur) et je me demande si ce processus n’use pas plus rapidement le plateau.
Les nouvelles buses intègrent un guide-filament tout en métal (un peu comme les buses Revo). Elles coûtent plus cher mais ce système simplifie énormément les changement de buses. Plus besoins de resserrer la buse à chaud et plus de risque de fuite. Bien sûr, il reste possible d’utiliser une buse classique avec un adaptateur (mais on retrouve les inconvénients de l’ancien système).
Je ne comprend pas pourquoi le ventilateur n’est fixé qu’avec 2 vis (j’en aurais bien rajouté une 3ème de l’autre coté). Après quelques heures d’impressions elle se sont desserrées à causse des vibrations et le ventilateur bougeait (j’ai simplement resserrées les vis et maintenant tout va bien).
Tests d’impression
J’ai commencé mes tests avec le profil classic, en imprimant plusieurs fois le même fichier avec le même filament et en choisissant à chaque fois le mode « QUALITY » (et tous les autres paramètres par défaut) mais avec des buses différentes.
Prusa MK3S+ (buse 0,4 – couches 0,2 mm – temps d’impression 1h21)
C’est un peu le Benchy témoin, je l’ai imprimé pour comparer la MK3S+ et de la MK4. Il est très correct, il y a une petite rayure à l’avant, mais c’est peut être lié au changement de couches parce qu’on la retrouve aussi (plus ou moins accentuée) sur d’autres impressions.
Prusa MK4 (buse 0,4 – couches 0,2 mm – temps d’impression 1h09)
L’impression du Benchy est un peu plus rapide (on gagne 12 minutes) et la qualité est légèrement meilleure.
Prusa MK4 (buse 0,3 – couches 0,12 mm – temps d’impression 2h35)
La qualité est encore meilleure (les couches sont presque invisibles) mais le temps d’impression explose. Toutefois, cette buse peut être très utiles pour les petites pièces décoratives (figurines ou bijoux).
Prusa MK4 (buse 0,6 – couches 0,25 mm – temps d’impression 0h52)
La qualité est un peu moins bonne qu’avec la buse de 0,4 mais pour une pièce courante cela reste vraiment très correct. J’ai testé avec la buse ObXidian (en acier trempé) et le résultat est similaire.
Prusa MK4 (buse 0,8 – couches 0,4 mm – temps d’impression 0h29)
Quelle déception, je ne sais pas s’il y a un problème d’optimisation avec ce profil d’impression (il n’y a peut être pas beaucoup de monde qui imprime en 0,8). L’impression est très rapide mais la qualité est vraiment très mauvaise.
Et de l’autre coté c’est encore pire, la cheminée est déformée et il y a des trous dans la coque. Bref, à part pour imprimer rapidement un prototype, je ne sais pas ce qu’on peut faire de cette buse.
Input shaper
Nous l’avons vu, l’augmentation de la taille de buse atteint ses limites (inutile d’aller au delà de 0,8). Alors pour imprimer plus rapidement il serait également possible d’augmenter la vitesse de déplacement des axes X et Y (l’axe Z ne se déplace pas très souvent). Malheureusement, cela risque aussi d’augmenter les vibrations et donc les traces sur la pièce (effet de résonance ou ghosting).
C’est là que l’input shaper intervient. C’est une technique qui permet de compenser les vibrations indésirables. Vous pouvez en profiter sur votre MK4 à partir de la version 5 du firmware. Vous devez aussi installer le profil Input Shaper depuis l’assistant de configuration de Prusa Slicer (comme s’il s’agissait d’une nouvelle imprimante).
Comme pour mes précédents essais, j’ai laissé les tous les paramètres par défaut, mais cette fois-ci j’ai choisi le profil SPEED pour profiter des vitesses optimisées par l’input shaper.
Input Shaper Prusa MK4 (buse 0,4 – couches 0,20 mm – temps d’impression 0h40)
Le résultat est vraiment excellent, non seulement l’impression est très rapide mais en plus elle conserve une très bonne qualité.
Input Shaper Prusa MK4 (buse 0,6 – couches 0,25 mm – temps d’impression 0h44)
Si l’on compare avec l’autre benchy imprimé en utilisant la buse de 0,6 (et le profil classique) la qualité est similaire et on gagne un peu de temps. Mais l’impression est plus longue qu’avec la buse de 0,4 et bien sûr la qualité est moins bonne. Je pense que Prusa n’a pas encore eu le temps d’optimiser l’input shaper pour les buses de 0,6. Il faudrait peut être retester dans quelques semaines…
Input Shaper Prusa MK4 (buse 0,8 – couches 0,40 mm – temps d’impression 0h28)
Que l’on utilise le profil classique ou l’input shaper, la vitesse et la qualité d’impression sont quasiment identiques. Comme pour la buse de 0,6 il faudra certainement attendre un peu que Prusa améliore son profil d’impression.
C’est amusant, parce qu’on retrouve exactement le même défaut de l’autre coté.
Tableau récapitulatif
Taille de buse | Profil classic | Input Shaper |
0,3 (MK4) | 2h35 | 1h47 |
0,4 (MK3S+) | 1h21 | – |
0,4 (MK4) | 1h09 | 0h40 |
0,6 (MK4) | 0h52 | 0h44 |
0,8 (MK4) | 0h29 | 0h28 |
Les Benchy de Prusa
Prusa a publié des fichiers G-code optimisés qui permettent d’imprimer encore plus rapidement (avec une buse de 0,4). Vous trouverez les fichiers G-code ici
Benchy 0h27
C’est très proche du benchy obtenu en 40 minutes avec la buse de 0,4 (et l’input shaper). Il devrait être possible d’obtenir un résultat assez proche en jouant sur les paramètres du slicer.
Benchy 0h12
Oui, vous ne rêvez pas, la Prusa MK4 est capable d’imprimer ce très beau benchy en seulement 12 minutes. Certes, il est très léger et certainement fragile (les parois sont fines et l’intérieur est presque vide) mais quand même, c’est incroyable, regardez la vidéo…
Je ne pense pas qu’on puisse reproduire ce résultat simplement en jouant sur les paramètres de PrusaSlicer. A mon avis, le fichier G-code est le résultat d’un gros travail d’optimisation effectué par les techniciens de Prusa (j’imagine que certains passages ont été réécrit à l’aide d’un éditeur de texte). Bravo, belle performance !
Conclusion
Si la MK4 était sortie l’année dernière je l’aurais conseillé sans hésitation. Mais en 2023, Prusa n’est plus la seule entreprise sur le marché des imprimantes haut de gamme. D’autres marques comme Bambu Lab, Voron ou Creality semblent proposer des alternatives intéressantes. Cependant, je ne peux pas faire de comparatif puisque je n’ai pas testé ces imprimantes.
Mais il y a d’autres raisons de soutenir Prusa :
- Monter son imprimante en kit est la meilleure façon d’apprendre comment elle fonctionne (et en plus ça coute moins cher).
- La documentation et le trancheur (PrusaSlicer) sont très bons
- Les imprimantes sont fiables, faciles à dépanner et avec une grosse communauté
- La qualité d’impression (et maintenant la vitesse) sont très bons et peuvent encore s’améliorer
- Les imprimantes Prusa sont évolutives (il y a toujours des mise à jour pour les anciens modèles)
- Le SAV Prusa est très performant
- Prusa est une entreprise européenne (le droit du travail est plus sévère)
- Prusa est une entreprise vertueuse qui contribue beaucoup plus à l’Open sources que ses concurrents
Bien sûr, c’est simplement mon avis en tant que client. Je ne cherche pas spécialement à faire de la pub pour Prusa. Si vous n’êtes pas d’accord, rien ne vous empêche de le dire dans les commentaires (mais restez quand même courtois, sinon votre message sera bloqué).
Salut JC. Et bin, chapeau bas pour tout ce travail et la mise en ligne de la recette DIY.
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Merci Fred
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Félicitation pour le superbe article, très complet, très factuel.
C’est rare de trouver autant de matière, il y a beaucoup de boulot derrière, entre les tests et la mise en forme pour la publication.
Merci de partager tout ça !
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